Projet 1

Evaluation des perceptions des populations locales  malagasy à l’égard de la biodiversité, de la conservation et de la restauration écologique.

Contexte

Madagascar abrite une diversité faunistique et floristique exceptionnelle avec un taux d’endémisme avoisinant les 90% pour tous les groupes taxonomiques. Cette richesse exceptionnelle fait cependant face à des pressions anthropiques grandissantes et voit ses habitats naturels progressivement disparaître. Les actions humaines telles que le défrichement par le feu, l'abattage illégal de bois ainsi que la production de bois de chauffage et de charbon ont entraîné une réduction dramatique des surfaces boisées de Madagascar. Selon les scientifiques, l’île aurait été autrefois couverte de forêts ombrophiles, une couverture végétale qui aujourd’hui est à l’état de vestige. Lémur mongoz ou  Eulemur mongoz est une des espèces les plus menacée par ces pertes d’habitats naturels de l’île. L’espèce est distribuée dans les Nord Ouest de l’île mais aussi dans les 3 îles de l’Union des Comores où l’espèce a été introduite par l’homme selon plusieurs sources. Aux Comores, l’espèce semble être moins vulnérable du fait d’une taille des populations élevée et d’une distribution géographique assez large. A l’opposé, la population de Madagascar présente (1) une taille de populations très faible (1) une distribution géographique très restreinte. De plus, elle fait face de fortes pressions anthropiques telles que la chasse et l'abattage illégal de bois. A Madagascar, l’espèce a perdu environ 80% de son habitat naturel dans une espace de 2 générations. L’espèce est classée en danger critique d’extinction par l’Union Internationale de la Conservation de la Nature. Selon une étude récente (Ibouroi et al. 2022), l’espèce risque de disparaître dans la nature une stratégie efficace de conservation ne soit pas mise en place en toute urgence à Madagascar. Selon cette même étude, Eulemur mongoz des Comores pourrait être considéré comme étant un réservoir génétique pour la restauration et le renforcement de la population de cette espèce à Madagascar. Pour évaluer la faisabilité d’un tel projet de restauration, plusieurs études génétiques, écologiques, phylogéographique seront nécessaires en amont pour tester son potentiel adaptatif. Vu la vitesse de perte d’habitats dans l’île, une étude socio-économique liée aux différentes populations locale sera aussi nécessaire. En effet, la société humaine malagasy et ses pratiques constituent la menace principale sur la biodiversité de l’île mais aussi le facteur le plus difficile à faire évoluer. Une telle étude socio-économique sera donc nécessaire pour déterminer quelles représentations ont ces populations locales vis-à-vis de cette biodiversité et des écosystèmes et quelles sont les actions qu’elles entreprennent qui sont potentiellement en conflit avec la conservation afin de déterminer quels pourront être les bras de leviers concrets potentiels pour améliorer la conservation mais aussi identifier les difficultés qui risquent de se présenter lors de cette restauration écologique.

L’objectif cette étude est d’appliquer l’outil « Qmethodology » pour évaluer (1) de quelle manière les communautés rurales perçoivent les avantages des ressources naturelles, (2) leurs niveaux de prise de conscience de l'impact de leurs pratiques sur la biodiversité et les habitats naturels, (3) leurs connaissances, perceptions et attitudes envers la biodiversité et les actions de conservation dans un but final de proposer des stratégies concrètes de conservation de la biodiversité de l’île.

Méthodologie

Q-Methodology est une méthode qui permet de à comparer les principaux points de vue de la population sur un thème donné, ce qui conduit à l'identification des grands points communs partagés ainsi que les points de divergence. Cet outil combine les données qualitatives des attitudes des populations avec des analyses statistiques robustes dans le but de présenter clairement les différentes opinions de la population en fonction des différents groupes sociaux.

Q-Methodology comporte cinq étapes principales : (1) Conception d’items; (2) Choix d’un Q-set ou Qsort); (3) choix d’un P-Set; (4) Réalisation du Qsort; (5) Traitement statistique des données.

Conception du concours d’items

La première étape de cette étude consistera à établir un bilan complet des différentes opinions de la population sur les thèmes des utilisations des ressources forestière, leurs attitudes vis-à-vis conservation de la biodiversité. Des questionnaires semi-dirigés au niveau de la population à travers l’île ainsi que une étude bibliographique permettront de collecter ces informations.

Choix du Q-set ou Qsort

Sur l’ensemble items couvrant les différents thèmes étudiés, nous allons sélectionner un nombre limité d’items (variant entre 30 et 40), appelés ‘Qsort’ ou Q-set. Ces items doivent être représentatifs de la diversité d’opinions évoquées lors la première étape.

Identification du P-Set

A la différence de l’interview semi-dirigée, les personnes interviewées au cours de l’enquête de type Qsort ne seront pas choisi au hasard mais seront plutôt présélectionnées en fonction de leurs niveau d’éducation, de leurs niveaux socio-économique c'est-à-dire s’elles ont un emploi stable ou non de leurs localisations géographique sur l’île et de leurs connaissance sur la biodiversité. 

Réalisation du Q-sort

L’ensemble des items (Q-sets ou Q-sorts) seront inscrits sur des petites cartes numérotées de 1 à 30 ou à 40 au suivant le nombre d’items choisis. Ces Q-sets seront exposés aux P-sets lors de l’enquête. Pour avoir les opinions de chaque personne enquêtée (P-set), leurs points communs et leurs différences, chaque p-set doit remplir les différentes cases d’un tableau incluant entre 30 à 40 cases (suivant le nombre d’items) structurées selon une distribution s’approchant sommairement de la distribution normale (une courbe de Gauss). Chaque P-set doit placer chaque carte avec un item donné dans une case bien précise du tableau en fonction de son opinion, c'est-à-dire selon qu’il est plus en accord ou en désaccord avec l’item.  Ceci force la personne enquêtée à donner une note à tous les items (-4, -3, -2, -1, 0, +1, +2, +3, +4). Les classes extrêmes sont destinées aux items avec lesquelles les sujets sont le plus en accord et le plus en désaccord. Au contraire, les classes centrales destinées à accueillir les éléments considérés comme les plus neutres.

Traitement statistique des données.

Les données seront analysés avec les package de R ‘qmethod’. Ce package de R permettra de grouper les réponses suivant leurs similarités en utilisant des analyses de types ACP et Varimax (des analyses communément utilisées dans l’approche Qmethodology).  

Table Qsort rempli                                                                                                                                                                        Table Qsort

Projet 2

Saving Critically Endangered Species: Using conservation genetic and socio-economic tools to inform the mongoose lemur population restoration in Madagascar 

Summary

Madagascar holds one of the most important biodiversity hotspots worldwide. This biodiversity faces extreme risk of extinction due to anthropogenic activities. Mongoose lemur (a species located in Madagascar and Comoros) is among the fauna most threatened by forest disturbance in Madagascar. Most of the species’ habitats (in Madagascar) have been completely lost and more than 80% of the population has been lost recently. Due the high rate of habitat loss in this region, the species will become more and more vulnerable to extinction if conservation measures are not put in place urgently. In Comoros, the species seems to be less threatened based on its large population and recent studies suggest that this population of Comoros can be considered an important genetic reservoir for the viability and translocation to Madagascar. As Malagasy people depend heavily on forest resources for subsistence, establishing relevant conservation strategies such as the Mongoose lemur population restoration requires the consideration of multiple stakeholders’ perspectives toward biodiversity and the ecosystem restoration. In this study, we apply conservation genetic and socioeconomic tools to inform the Mongoose lemur population restoration in Madagascar

The main objective of this research is to improve the conservation strategies of the mongoose lemur by proposing population translocation to Madagascar. To this end, we aim at combining ecological and genetic data to a socio-economic study related to stakeholders’ perspectives toward biodiversity and habitat conservation. In a first time, as we propose translocation to Madagascar, we will conduct a Q-methodology approach to assess the relationships between Malagasy stakeholders and natural habitats, their use of natural resources as well as their impact on habitats. Specifically, we will assess (1) how stakeholders perceive benefits from natural resources, (2) the level of awareness of the impact of their practices on biodiversity, and (3) their knowledge about, perceptions of and attitudes toward biodiversity and conservation actions. This information may help to understand the local community’s representation of biodiversity and to propose future scenarios for long-term conservation actions.
In a second time, we will assess the genetic diversity and population structure between the mongoose lemur populations of the two countries. Evaluating the level of genetic diversity is important to assess the species’ ability to cope with environmental changes, while the level of genetic structure between populations is required in order to identify if the two populations can be considered as unique management unit thus if the population of Comoros can be translocated to Madagascar.