Projet 1
Préservons la biodiversité de Mayotte avec la communauté locale
Quelles sont les principales causes de l’utilisation non durable des ressources naturelles à Mayotte ?
L’île Mayotte abrite une diversité faunistique et floristique remarquable avec un taux d’endémisme assez élevé dû à une forte hétérogénéité des habitats et à l’isolement géographique du département. Cette richesse exceptionnelle fait cependant face à des pressions anthropiques grandissantes et voit ses habitats naturels progressivement disparaître. La perte de ces habitats est principalement liée à une forte croissance démographique des populations, augmentant considérablement les demandes de ressources en bois et en zones d’habitation et le braconnage d’espèces souvent menacées d’extinction. La présence de différentes communautés dans l’île avec souvent des niveaux de vie très différents et différentes pratiques de collecte des ressources naturelles rend plus difficile le contrôle de l’exploitation des habitats naturels. Cela a conduit à un recul flagrant de la biodiversité de l’île ainsi qu’au service écosystémique qu’elle nous procure. La société humaine mahoraise et ses pratiques constituent donc la menace principale sur la biodiversité de l’île mais aussi le facteur le plus difficile à faire évoluer. Des études socio-économiques seront de ce fait nécessaires pour déterminer quelles représentations ont ces populations humaines locales vis-à-vis de cette biodiversité et des écosystèmes et quelles sont les actions qu’elles entreprennent qui sont potentiellement en conflit avec la conservation afin de déterminer quels pourront être les bras de leviers concrets potentiels pour améliorer la conservation mais aussi identifier les difficultés qui risquent de se présenter.
L’objectif de cette étude est d’appliquer l’outil « Qmethodology » pour évaluer (1) de quelle manière les communautés rurales perçoivent les avantages des ressources naturelles, (2) leurs niveaux de prise de conscience de l'impact de leurs pratiques sur la biodiversité et les habitats naturels, (3) leurs connaissances, perceptions et attitudes envers la biodiversité et les actions de conservation, dans un but final de proposer des actions et stratégies concrètes de conservation de la biodiversité.
Alectroenas sganzini or Founingo des Comores (photo: Ibouroi) Qsort processing (photo: Ibouroi)
Projet 2
Effet de la perte d’habitats sur la répartition spatiale et l’abondance de la roussette de Mayotte : Implication pour la de conservation des habitats naturels de l’île.
I- Contexte
Les écosystèmes insulaires font partie des zones les plus vulnérables aux aléas naturels tels que l’élévation du niveau de la mer, les glissements de terrains ainsi qu’à d’autres catastrophes naturelles qui accompagnent les changements globaux. Ces dégâts naturels conduisent à la réduction des surfaces forestières, à la raréfaction et à la disparition de la biodiversité. Ils sont accentués par les effets directs et indirects des activités humaines (exploitation des ressources naturelles, urbanisation, introduction d’espèces, etc.).
Les espèces endémiques insulaires représentent donc les taxons les plus menacés d’extinction à relativement court-terme. En effet, ces espèces disposent souvent de tailles de population faibles qui les rendent sensibles aux perturbations en termes de démographie. De plus, leur possibilité de dispersion en réponse aux perturbations est limitée du fait de leur isolement géographique (Nogales et al. 2013). Leur endémisme fort implique qu’il n’existe nulle part ailleurs d’équivalent en termes génétique à conserver comme solution alternative. Enfin, la petite taille de leurs populations peut amplifier les menaces à travers des mécanismes de consanguinités ou d’effet Allee. Ces espèces doivent donc faire l’objet d’une attention particulière en termes de conservation (Nogales et al. 2013).
L’île Mayotte abrite une diversité faunistique et floristique remarquable avec un taux d’endémisme assez élevé dû à une forte hétérogénéité des habitats et à l’isolement géographique du département. Cette richesse exceptionnelle fait cependant face à des pressions anthropiques grandissantes et voit ses habitats naturels progressivement disparaître. Ces pertes d’habitats à vitesse alarmantes peuvent conduire à l’extinction des espèces naturelles de l’île.
Le « renard volant de Mayotte (Pteropus s. comorensis) est une espèce de chauves-souris géante classée parmi la faune la plus emblématique de l’île. L’espèce est reconnue pour son importance dans la dynamique et dans le fonctionnement des écosystèmes naturels mais aussi dans l’amélioration de la production d’arbres fruitiers. Malgré son importance, P. s. comorensis est parmi les taxons les plus menacés de la région. Etant une espèce isolée géographiquement, elle présente une taille des populations relativement faible (quelques dizaines de milliers d’individus) ; elle est donc particulièrement vulnérable aux perturbations anthropiques et à la perte d’habitats. De plus, étant une espèce relativement longévive, P. s. comorensis présente une dynamique de populations lente qui la rend encore plus sensible aux perturbations. Elle possède aussi une faible capacité de restauration des populations après perturbation. Enfin, l’espèce est fortement menacée par le rythme effréné de la fragmentation voire de la perte de son habitat naturel durant ces dernières décennies (Ibouroi et al. 2018). Des évaluations très récentes ont ainsi montré que les habitats potentiels utilisés par cette espèce ont connu des réductions importantes au cours des dernières décennies (Ibouroi et al. 2018). Cette réduction entraîne des perturbations de la structure sociale pouvant conduire à des chutes brutales des tailles des populations (Hutson et al. 2001, Tink et al. 2014). Avec un taux de recrutement de seulement un nouveau né par an, la roussette de Mayotte requière un habitat relativement stable pour assurer le maintien de ses populations à long terme (Kunz, 1982; Findley, 1993). Par conséquent, la pression anthropique accrue sur ses sites d'alimentation réduit la possibilité, pour les populations, d'obtenir des réserves énergétiques suffisantes, favorisant ainsi la hausse du taux de mortalité, surtout chez les individus juvéniles et les jeunes adultes peu expérimentés (Hill et Smith, 1984). Dans un tel contexte, une stratégie de conservation de l’espèce parait urgente pour assurer sa viabilité à long terme. Etant une espèce clé de voute pour la faune et la flore de Mayotte, la mise en place de mesures de conservation de l’espèce permettrait de conserver toute la biodiversité et les habitats naturels de l’île.
La mise en place de telles stratégies de conservation nécessite une bonne compréhension de la nature des différentes interactions qui existent entre l’espèce et son habitat naturel pour mieux appréhender les processus écologiques déterminant leurs distributions ainsi que leurs réponses face aux perturbations des habitats.
II-Objectifs de l’action
Le présent projet consiste à améliorer les connaissances sur l’écologie et l’abondance du renard volant de Mayotte dans le but de favoriser l’émergence d’une politique de la conservation de l’espèce. L’étude consiste à mieux comprendre les relations complexes existantes entre le renard volant de Mayotte et son environnement qui déterminent la distribution de sa population dans les multiples types d’habitats que procure l’île.
Plus précisément, nous allons :
- Caractériser les conditions favorables à l’espèce par rapport aux conditions disponibles. Il s’agira ici de caractériser finement l’utilisation des habitats notamment pour clarifier les relations entre gîtes, sites d’alimentation, nombre d’individus observés et écovariables.
- Evaluer les limites de la répartition géographique de l’espèce.
- Déduire l’effet des facteurs écologiques, climatiques et anthropiques à échelle de l’île sur le choix de la niche de l’espèce afin de mieux comprendre les déterminants de sa distribution spatiale.
Ces informations seront cruciales pour identifier les zones de conservation prioritaires et en fin, faire ressortir des recommandations en termes d’aménagement du territoire et de conservation de l’habitat,
Les résultats attendus à travers ce projet permettront d’apporter aux professionnels de la conservation de la nature une aide à la prise de décision en termes de gestion de l’habitat raisonnée.
Pteropus s. comorensis (Photo: Ibouroi)